La ville est en chantier. Un immense chantier. Une fourmilière qui s'accélère à l'approche de la fête nationale, le 1er octobre. 50 ans de communisme, c'est quelque chose.
Il faut que ca brille. Alors, on construit, on ravale, on brique, on frotte.
Et le monde entier est concerné.
Les ouvriers, mais aussi les militaires armés d'archaïques pioches et pelles. Des centaines de fourmis kaki coiffées d'une casquette Benz orange fluo. L'efficacité étonne. En quelques jours, des terrains vagues deviennent des pelouses vertes.
Plus étonnant les employés des magasins et d'autres civils patriotiques cravatés ou sac à main sur le côté se joignent au joyeux nettoyage des barrières blanches qui séparent l'avenue en plusieurs voies. Chacun lave un ou deux barreaux sous l'œil attentif du responsable qui distribue eau et chiffons sales.
Des arbres ont poussé sur les bords de l'avenue fraîchement rebitumée.
Les nouveaux immeubles se déparent du voile plastique qui les masquait pendant leur construction. Les nombreuses vitres réfléchiraient avec plaisir le soleil s'il venait à percer le nuage de pollution.
Les hurleurs sont en place à tous les coins de rues prêts à diffuser quelque improbable musique militaire ou tout du moins l'hymne national. La place TianAn Men repavée brille de tous ses feux la nuit et le portrait mégalomane de Mao sourit de bonheur.
Les essais commencent. Sans hésitation (annonce radiophonique 12h avant maxi), l'avenue est totalement interdite à la circulation pendant les 5 à 6 heures nécessaires au défilement des milliers de tanks. La plupart des rues transversales sont aussi interdites à l'approche de l'avenue. Les taxis sont pris d'assaut 1 km à la ronde.
Aujourd'hui le ciel est gris, bas et lourd. Il reste 30 jours pour peaufiner le pimpant défilé du siècle.