Par une belle journée de la fin de l'été, notre chanceux héros est arrivé à Pékin. Il n'a pas abandonné ses amis de l'Avant, et n'hésite pas à bavarder longuement sur quelques expériences sociales ou culinaires. Par une froide journée d'hiver, notre héros découvre l'horreur de la vie à Pékin : l'absence de téléphone gratuit. Nous retrouvons notre héros aujourd'hui 3 mois après son arrivée dont un mois sans communication avec la civilisation. Qu'est-il devenu?
Perdu, non, désorienté, oui. Oui, c'est ça, l'absence d'Internet m'avait désorienté. Mon rythme quotidien était brisé, mes contacts réguliers avec le monde civilise cassés. Que me restait-il? Le téléphone, trop cher. Le courrier, trop long. Une seule solution : récupérer le téléphone local gratuit et par là-même Internet. Commença alors une bataille avec le Bureau des Étudiants Étrangers, notre seul interlocuteur à la fac. Le seul endroit où l'anglais est compris d'ailleurs. Dans la mouvance à défaut d'entraîner beaucoup d'autres étudiants, je soulevais d'autres problèmes.
C'était le début de l'hiver, et les chambres, alors sans chauffage, exposées au nord, étaient de véritables glacières. Nous cherchions tous des endroits au soleil pour pouvoir, disons, travailler. Dans les chambres, une seule solution : s'enfouir sous 10 épaisseurs de couverture, éventuellement après une bonne douche chaude, lorsque eau chaude il y avait. Vous aurez compris mes revendications : l'arrivée du chauffage, la libération d'une salle actuellement (in)utilisée comme débarras, l'eau chaude dans les douches sans condition et omniprésent le retour du téléphone à tous les étages. Jour après jour, je passais quelques temps, voire quelques heures dans le bureau à exposer la situation.
D'autres mécontentements s'élevèrent, mais pas très haut, à propos des droits élémentaires de l'étudiant bafoués : faire la cuisine, utiliser des appareils électriques dans les chambres...
Tous les jours pendant 15 jours.
En vain.
Rien à l'horizon.
Il y a une certaine excitation à se battre contre un système, mais à moins d'être syndicaliste, la flemme reprend vite le dessus et en tant qu'étudiant étranger, on passe au degré supérieur d'adaptation et on se fait à ces petits problèmes. C'est donc moins combatif que j'allais désormais faire ma visite quotidienne.
Et puis un matin, 10 jours en avance sur la date annoncée officiellement, nous eûmes le doux plaisir de nous réveiller dans des chambres tièdes. L'eau de la douche était chaude. Je me précipitais au Bureau des étudiants pour les féliciter les responsables de cette action (quand bien même ils n'y étaient pour rien, un peu de flatterie ne peut pas faire de mal). Ils profitèrent de l'occasion pour m'annoncer que la salle allait être libérée dans le mois et que, à défaut d'avoir le téléphone gratuit à chaque étage, je pouvais connecter mon ordinateur au téléphone du rez-de-chaussée pour 50 centimes toutes les 3 minutes. Vu mon état de lassitude en ce qui concernait ce dernier point, je me sentais très satisfait d'avoir « gagné ».
Aujourd'hui, quelle joie de pouvoir à nouveau communiquer avec vous. Tout du moins de pouvoir vous écrire, car en ce qui concerne le plaisir de la lecture, il se limite à quelques uns.