Chapitre 6 : Hot Dog

Le reporter en herbe se fait bousculer doucement au marché de la soie. Il découvre un haut lieu des copies en tout genre et finit sa journée au restaurant pour dévorer du chien.
Après de multiples péripéties vraiment incroyables et super, notre reporter en herbe se fait à la vie de Pékin vraiment super. Il ne dirait pas que c'est comme à Paris, mais il dirait pas que c'est moins bien. C'est super. Il ne se rend même plus compte qu'il vit des péripéties vraiment incroyables et super. Par exemple, ce matin encore, il s'est réveillé dans son lit universitaire super. La Vie est Super (et c'est super).

Pour un manque de chance, c'était un sacré manque de chance. Après une semaine de ciel bleu froid super, le cycle météorologique avait stupidement repris son cours. Alors que nous justement n'avions pas classe pendant 5 jours en raison de la fête nationale (1er octobre). Bien évidemment mon chinois n'avait pas avancé particulièrement vite en ces derniers jours ensoleillés, et j'aurais dû me faire une joie à l'idée de pouvoir travailler intensivement. Néanmoins, des projets de voyage n'auraient pas été pour me déplaire, mais la reprise de la mousson avait brisé les quelques ébauches entreprises ici ou là.

Je restais donc à Pékin en ces jours de fête.
J'eu ainsi l'occasion de vivre ma première « Soirée » avec les expatriés. L'occasion de rencontrer des personnes nouvelles, voire des personnalités. L'occasion de jauger l'état d'esprit des français à Pékin. L'occasion, les occasions à ne pas rater.

Profitant d'un nouveau tour de cycle et d'un ciel se dégageant de son Smog étouffant, ma douce guide me suggéra d'aller faire un tour au marché de la soie. Après une visite au Lufthansa Center, grand magasin où l'on peut trouver tous les produits du monde (c'est à dire Européen et Américain) à des prix déraisonnables, puis au marché aux fleurs, nous avons fini par atterrir dans une étroite et très longue ruelle. Impossible de marcher à deux de front : une file continue de touristes croise une autre file continue de touristes. Peut être pas tous des touristes, mais une bonne part certainement. Des dizaines de minuscules échoppes s'alignent des deux côtés du flot de visiteur. Peu de bousculades néanmoins, juste ce qu'il faut. Des propositions à la sauvette de cidiroms, music cidi... Des centaines de chemises kitch, de vêtements « traditionnels », de surplus d'usine, des habits de grande marque d'origine imprécise suspendus au milieu d'improbables costumes mal taillés. Des kilo de blouson de sports d'hiver, des couettes. D'apparemment véritables jeans Levi's 501 à 50 balles. La liste serait longue s'il me fallait donner plus de détails.
Après plusieurs centaines de mètres, nos ventres hurlent famine. Une seule issue cependant, et il nous encore faut longer des dizaines d'échoppes. Nous parvenons enfin de l'autre côté de la ruelle, où nous attendent encore des rabatteurs divers et un couple de mendiants aveugles. Après une pause chez Délifrance, le bon pain de France, nous allons dans un petit restaurant qui ne paie pas de mine. Nous entrons, je baisse la tête pour ne pas décrocher la crasse du plafond de l'entrée. Le visage de ma chinoise préférée s'illumine d'un sourire irrésistible à la lecture la carte.
Ici, on sert du Chien, chaud, en soupe.

...

Viande filandreuse comme du mouton, forte comme du gibier, le chien a un goût très particulier, différent de ce que connaît mon palais, qui n'est pas pour me déplaire quand bien même cela ne serait pas mon plat préféré. Quoi qu'il en soit, c'est bien dans mon assiette que je préfère cet animal.

Nota Bene destiné aux amoureux des bêtes : Ce n'est pas du caniche manucuré et encapuchonné de mamie parisienne que j'ai mangé (malheureusement), mais un gros animal, qui, s'il appartient bien à l'espèce canine, est assez éloigné de notre conception du bon toutou à sa mémère.