Chapitre 3 : Le pays où l'université est plus cool.

Premières journées de cours. Les trois enseignantes sont toutes très agréables. Le reporter en herbe fait la connaissance de plusieurs français.
Par une belle journée d'été, notre héros arrive dans la moiteur de la forêt tropicale. Il a peur des serpents et des têtes de singe qui lui tombent des bras. Il pleure sa môman. Et se réveille en sueur dans sa chambre universitaire de Pékin, ouf, tout va bien, la Vie est Belle (et c'est tant mieux).

Il fallait bien s'y résigner, et pour tout dire, ça devait bien arriver un jour. Les vacances étaient finies, terminées, bouclées. J'abandonnais mon luxueux appartement pour ma chambre universitaire pourrie. J'abandonnais ma douce solitude pour partager l'existence d'un Ukrainien qui, à coup sûr, ronflait. Et si ce n'était pas lui, c'était moi (quoique les avis soient partagés sur ce point). Moustiques, crasse, eau froide. Ca ne valait même pas un camping Zéro étoile au bord d'un lac vaseux en plein été. Un espoir néanmoins guidaient mes pas dans la fac, croiser un des ces français boursiers du gouvernement chinois qui avaient dû arriver samedi.

Dimanche soir

Bingo. Un type au téléphone de l'étage cause français. Et il l'est! Boursier?, oui, gagné. Un type stressé de l'ESSEC qui a un gros problème: il n'a que des problèmes. Ce soir, ce sont les moustiques. Pendant que je me luxe le cou à tenter de suivre ses aller-retours nerveux (pour fuir les moustiques (sic!)), j'apprends plein de choses de sa vie. Notamment qu'il n'est pas super positif. En gros, il aurait adoré être ici, si ça avait pu être comme à Paris. Les chinois sont des arnaqueurs d'étrangers, c'est sale, on mange chinois, on n'a pas internet, l'eau n'est pas potable, y'a des moustiques, etc. Bon, il me signale tout de même la présence d'autres francais.

Lundi

Douche froide. Petit déj' avec mes amis coréens dont le leader s'appelle Tendy Kim, toujours aussi amical et drôle. Mon roomate toujours aussi dévoué m'accompagne au département de chinois pour trouver ma classe. Ok.
.......
mmmmmmm
......
Deux heures très agréables. Nous sommes onze débutants à ne baragouiner que les quelques mots inévitables. La délicieuse prof, d'une douceur absolue, nous reprend patiemment et nous fait répéter inlassablement les différentes « voyelles », « consonnes », et tons. Elle est merveilleuse. Je sens que je vais vite progresser.
Ce premier cours est un vrai exercice de mime. Presque pas de chinois, un peu d'anglais dans les cas désespérés. Un vrai plaisir d'observer ses mouvements de lèvres pour imiter les prononciations.10h sonnent. La première journée de cours s'achève.

Je rencontre Noucha, une française d'origine Iranienne. Un peu déprimée. Les mises-en-garde du ministère avant le départ et la rencontre avec le français déprimant dont je parlais plus haut y sont pour beaucoup. Elle ne connait pas un mot de chinois et pas un chinois non plus. C'est pas gagné. Scientifique, elle sort d'une ENSI et s'accorde une année tranquille.

Je passe la visite médicale, bestiale. Je n'ai heureusement pas d'examens à effectuer. Mes documents français sont suffisants, ce qui n'est pas le cas de la plupart des autres étudiants qui ne peuvent se soustraire aux examens de sang (No panic, les aiguilles sont à usage unique, faut pas déconner quand même, hein) et autres. Bon, 4 heures de passé et hop, emballé, c'est pesé. 4 heures qui forgent les amities en fait. Un peu révoltés sans le Bounty, nous nous soutenons et pestons contre l'administration chinoise. Si l'utilité de la révolte n'est pas politiquement démontrée, elle l'est socialement. Je connais désormais la moitié des étudiants.

Mardi

Deux heures fabuleuses avec Mademoiselle Mime[1].

Deux heures presque aussi bien avec une nouvelle prof (jolie, mais bon, c'est pas pareil quand même), pour améliorer notre écrit (on commence par des cours oraux)[2].
12h la journee est finie.
Je me connecte enfin à internet depuis la fac. Le téléphone est gratuit pour les communications locales.
Avec Noucha nous allons diner au restaurant du coin. Elle se souvient du mot « poulet » et du mot « riz ». On mange un délicieux poulet aux cacahuètes avec du riz blanc. Copieux. 20 yuans pour deux. A peine plus cher que le restau U. Nous baptisons immédiatement notre découverte d'annexe de la cantine. En rentrant sous la pluie, nous trouvons un billet de 100 yuans. Bien, bah, ça fait toujours 5 jours de restau.

Mercredi

Deux heures avec une prof "âgée" qui ne parle pas anglais et qui cause en permanence. Mais super dynamique et rigolote. Elle fait d'autant plus d'efforts pour nous comprendre qu'elle ne comprend pas bien quand on lui parle anglais.
mmmm. Deux heures avec Mademoiselle Delice.
Restau avec Noucha. Elle a pris son guide de touriste. Ca ne sert à rien. Personne ne comprend quand elle essaye de prononcer. Instantanément, deux personnes (des consommateurs) viennent au secours des deux serveuses. On réussi à commander quelque chose. L'un des deux chinois revient nous voir un peu plus tard pour discuter en anglais de notre point de vue sur Beijing. On mange du poulet épicé et une soupe délicieuse (le froid est tombé dans la nuit, on caille), et puis des pâtes. Un peu cher pour notre objectif. 36 yuans pour deux.

A demain les petits loups!

Maintenant je vais bosser, faut pas prendre de retard. Pour patienter, je vous propose un intermède musical.


[1] En fait, c'est madame (janvier 98)
[2] En fait, je n'avais rien compris: la première prof est une prof. de grammaire (expression écrite) et la seconde d'expression orale (janvier 98)