Même en cette fin de milénaire, la Chine reste un pays difficile, usant. Alors, faut-il aller en Chine ?
Le recrutement des entreprises françaises.
Comme il a été dit de multiples fois -- et notamment aux étudiants en management franco-chinois --, la politique actuelle de recrutement des sociétés françaises pour les postes en Chine se caricature en 3 points: l'Expat.
L'Expat est là, mais il pourrait être ailleurs. L'Expat est Français, bien payé (surpayé), nourri, logé, blanchi aux frais de la princesse. Ses enfants vont au lycée français et rencontre tout plein de petits Français. Il parle généralement très bien français et souvent anglais. Il sait parfois qu'il est en Chine, notamment lorsqu'il s'agit de négocier (la vente d'une usine ou les contrefaçons Hermès). Dans un élan de folie, il se met parfois à étudier le Chinois qu'il oubliera dès qu'il repartira (pour le Guatemala) dans 3 ans. L'expat, qui a la culture Maison pour avoir bossé plusieurs années au siège, excelle dans un domaine technique, dans le management (à l'occidentale) ou dans toute autre discipline spécialisée (sauf linguistique).
le Chinois
Le Chinois coûte moins cher. J'exclus les ouvriers et les chauffeurs. Le Chinois est Chinois, mal payé et rêve parfois d'acheter son 25 M2. Il parle toujours anglais et parfois français (quelque soit la langue, il la maîtrise remarquablement dans tous les cas). Il est (hélas!) devenu aussi compétent que le Français et demeure (re-hélas) beaucoup moins cher. De surcroît, il est bien intégré en chine, ce qui est un argument pour lui donner les rênes d'une usine en province.
le Contrat Local
Le Contrat Local aime la Chine. Le Contrat Local est Français, mal payé. Il revendique parfois des cotisations patronales et toujours une reconnaissance sociale. Car le Contrat Local est un moins que rien. Il est en Chine pour réaliser un rêve, or le bizeness n'est pas un voyage onirique. Il a étudié la langue chinoise pendant plusieurs années et continue à se passionner pour l'écriture. Il est à des postes traditionnellement intermédiaires entre l'Expat et le Chinois. Il est aujourd'hui de plus en plus en compétition avec les uns et les autres. Après plus de 5 ans en Chine, le Contrat Local est étiqueté et a du mal à revendiquer une compétence valorisable en dehors de la Chine. A savoir : Certains contrats locaux sont des CSN qui ont mal tourné.
Alors faut-il aller en Chine?
Non. Il ne faut pas aller en Chine. Il faut partir. Quitter son train-train sans plan de valorisation professionnelle. Oublier la France et ses habitudes. Partir, quoi! Et dans ce cadre là, effectivement pourquoi ne pas aller en Chine? La Chine est un pays difficile. Impossible par exemple de trouver de l'anti-cafards efficace. Et contrairement aux restaurants du 13e, hors de question de se rabattre sur le français pour commander... La vie quotidienne -- qui ressemble de loin à ce que l'on peut connaître en France -- est faite de petits tracas qui inévitablement amusent, usent puis révulsent. Comment venir en Chine dans les meilleures conditions?
Il me semble qu'il faut avoir terminé un cursus en France pour avoir l'esprit libre et opter pour l'inscription dans une fac de langues. Ce n'est pas que la langue chinoise soit indispensable pour vivre en Chine (et un an d'études ne permettra jamais d'atteindre un niveau de pratique professionnelle), mais le statut d'étudiant est le plus enviable. Les Chinois apprécient ces étrangers qui viennent pour connaître leur pays et leur langue. Ils sont plus ouverts et moins arnaqueurs. Financièrement, la vie en Chine est bon marché et l'étudiant, qui bénéficie de tarifs réduits pour les musées, peut vivre royalement avec moins de 4000 FRF/mois. Surtout, les horaires laissent suffisamment de temps pour les rencontres et les voyages. Or c'est ca, la vraie "immersion". Ce n'est pas celle des expats et des CSN qui limitent leur horizon aux événements entre eux (je ne dirais rien de l'éventuelle présence chinoise à ces soirées). A la fin de l'année, il sera temps -- si la passion pour la Chine ne s'est pas éteinte -- de commencer à chercher un stage et de penser à la valorisation professionnelle de cette année extraordinaire (qui, au moins, fera des choses à raconter aux copains en rentrant). Dans cet état d'esprit, le séjour en Chine est une expérience que je ne peux que souhaiter à toute personne douée d'une bonne capacité d'adaptation.