Je poursuis la série d'articles autour de la citation et du monde chinois. Dans cet article, je prends comme exemple le cas de la traduction.Si l’énoncé change inévitablement de sens lors du transfert, supposons néanmoins que l’auteur tente de minimiser la différence, sans parvenir toutefois à la réduire à néant. La citation n’étant qu’un fragment d’idée, elle ne saurait jamais rendre l’intégralité de l’esprit par lequel elle a été produite. Cette difficulté est particulièrement flagrante dans le cas des traductions. Pour saisir la complexité du problème, penchons nous sur les anciens textes scientifiques et techniques chinois. Le contraste de cette situation extrême avec celles qui nous sont “ émotivement plus proches ” illuminera ces dernières. Le chinois est généralement considéré comme un langage très isolé et non agglutinant. Il est particulièrement difficile pour les indo-européens dont le langage est extrêmement explicite en ce qui concerne le nombre, le temps, le genre, le mode, etc. En chinois, les parties du discours ne sont pas cloisonnées : un mot donné, dans une forme fixée, peut avoir plusieurs fonctions selon les autres mots de la phrase. Pour Marcel Granet, le caractère chinois est un symbole bien plus chargé de sens que n’importe quelle syllabe dans un langage indo-européen : “ Solidaire d’un signe vocal dans lequel on tient à voir une valeur d’emblème, le signe graphique est lui-même considéré comme une figuration adéquate, ou plutôt, si je puis dire, comme une appellation efficace. ”
Citer l'ailleurs
Toute écriture est collage et glose, citation et commentaire.