Interview

MISE EN GARDE DE L'ÉDITEUR.
Les critiques pleuvent sur le bureau, les lecteurs se plaignent du style non soutenu de notre reporter en herbe. Il a été remarqué que la narration passe allègrement de la première à la troisième personne, sans que cela semble faire partie d'un hypothétique plan d'ensemble.
Si, vous aussi, vous trouvez que le style est nul a chier, n'hésitez pas à écrire directement à l'apprenti machin afin de lui faire vos propres remontrances. Ça lui fera les pieds à bâcler son travail.
Par ailleurs, notre envoyé sur place nous confirme que c'est un glandeur, et les excuses qu'il nous a envoyées pour excuser le retard du nouveau chapitre (que nous avons dû remplacer en toute hâte par un intermède musical) sont apparemment bidons. En fait, il ne travaille pas tant que ça.
Néanmoins, comme nous avions dépêché un envoyé spécial, nous lui avons demandé d'interviewer le reporter (c'est un comble) sur le boire et le manger. Voici la transcription de la cassette telle qu'elle nous est parvenue.


ENVOYE SPECIAL: Ni hao

REPORTER EN HERBE: 你好! 你也是留学生吗?

ES: Non, non, d'ailleurs, je ne suis pas certain que ça fasse rire tout le monde très longtemps si on continue dans ce dialecte.

REH: Ça tombe bien, je ne connaissais pas d'autres mots.

ES: Ça fera demain 3 semaines que tu es à Pékin. N'as tu pas encore fait une indigestion de riz?

REH: Ha ha ha, woui, le mythe du Riz, une légende raconte qu'il y a bien longtemps le premier nez long arrivé en Chine s'est noyé dans une rizière. Le phénomène s'est amplifié et on en a conclue qu'on ne pouvait faire unpas sans tomber dans une rizière, or malgré la faible productivité, ce riz, fallait bien le bouffer, comme Taureau ailé n'existait pas encore, les chinois se sont dit, tiens et si on le mangeait. Et voilà.

ES: Mais c'est nul, comme histoire.

REH: Ha, heu, wouais bon, peut être, c'est pas moi qui fait les histoires populaires, désolé. En fait, ce que je voulais dire c'est que le mythe du riz, et bien, c'est une légende. On m'a dit que dans le sud, on en mangeait plus, mais ici à Pékin, le riz blanc 白米饭, on le voit qu'à la fin des repas, généralement, ou alors pour accompagner les plats. C'est à dire que tout aliment prélevé dans l'assiette commune transite par le bol de riz, s'y colle quelques grains et achève son périple dans le grand four. C'est vrai qu'il y a du riz à chaque repas, du petit déjeuner au diner. C'est vrai, mais songe un peu au nombre de baguettes (de pain) que tu dévores chaque jour.

ES : Ha, bah ouais, tiens, j'y avais pas pensé.

REH : Il est tout de même amusant de remarquer qu'il existe un nombre important de mots pour "riz" selon son état: plante, cuit, etc.

ES: Ha wouais? Tiens, c'est intéressant, je le note. Bon et pour les boissons?

REH: Ça c'est assez simple. A chaque fois que tu as l'habitude de penser "eau", tu remplaces par "eau chaude" ou "thé" (mais comme le thé est très léger, c'est de l'eau chaude parfumée). C'est gratuit dans la plupart des endroits. A la cantine par exemple on a un grand réservoir, et on se sert comme on veut. Dans les chambres, on a un thermos et à certaines heures de la journée (en plus des heures de repas), on peut aller le remplir de thé. Au restaurant, on te le sert généralement dès que tu t'assoies. Les gens boivent beaucoup tout le temps, et dans la rue, les magasins, ou les taxis, tu peux voir les chinois boire un thé (avec parfois des trucs qui flottent dedans) dans des grandes boites fermés, ça me fait parfois penser à des biberons pour adultes. C'est vrai qu'on se dessèche beaucoup et l'eau chaude est très agréable (sans compter les avantages sanitaires).

ES: Et sinon, on m'a souvent demandé si t'avais bouffé des trucs super stranges, genre tu le vois, tu ne le crois même pas.

REH: Le plus "Strangeuh" comme tu dis, c'était dans un restau il y a pas si longtemps, on nous a servi (mais passque on l'avait demandé) des pattes de poulets. Oui, des doigts de poulet, quoi. Bon, quand tu achètes un poulet le premier truc (demande a Virginie), c'est de lui couper la tête et les pattes, et bah, ici les pattes tu les manges. C'est pas dégueu, mais c'est pas terrible. Dans le même genre j'ai aussi mangé des jeunes poulets, des grands poussins, quoi. Avec pattes et tête, c'est pas mal. Heu, quoi d'autre? Oh tu sais, moi, je mange de tout si c'est pas trop épicé, alors, je n'ai pas eu de surprise vraiment insurmontable. Même les œufs de 100 ans, ça passe. Non, vraiment, soit c'est franchement super bon, surtout quand c'est de la viande un peu sucrée, j'adore ça, soit mangeable, sans plus. Désolé, hein.

ES: Wouais, ça va pas se vendre ça. T'aurais pas un truc un peu exotique. Là t'es en train de dire des trucs, bon, les gens y vont finir par croire que t'es dans le 13e et pas à Pékin.

REH: nan désolé, là, pour le moment. Mais depuis quelques jours, je vais au restau sans interprète, alors nul doute que je vais avoir des trucs drôles à raconter.

ES: Mais, ça m'arrange pas, je dois le sortir tout de suite ce papier. Bon, il va encore falloir que j'invente.

REH: Kess tu dis?

ES: Non, non, rien, j'étais en plein soliloque.

REH: Ha, d'accord, bon, je dois y aller, là, Keep in touch!

ES: Ok! 再见

REH: 再见


Sur le thème de la bouffe, voir aussi le chapitre six. Plus récemment, j'ai aussi mangé des scorpions et autres sauterelles grillées. Bon, ça passe (janvier 98).