Une belle leçon d'écologie

Où Laurel et Hardy Jourdain limitent l'impact de leur bricolage sur l'environnement.

Ce qui est bien en Chine, c'est que le gouvernement n'est pas seul à lutter contre le chômage. On dépasserait allègrement les 4% (officiel) si l'ensemble des entreprises du pays ne se donnaient pas un mal de chien à procurer du boulot à tout le monde. Ainsi comme je l'avais narré au début de la décennie, un appartement aussi neuf qu'il soit présente toujours un nombre non négligeable de dysfonctionnements. Par exemple, c'est aujourd'hui une fenêtre de la cuisine qui est coincée.

Ce n'est pas un gros problème, il suffit de passer un coup de fil au bureau qui gère l'immeuble. Dans les 15 minutes qui suivent, Laurel et Hardy débarquent les mains dans les poches de leur élégante combinaison verte au col jaune. Ils enfilent des couvre chaussures, très en vogue depuis quelques années et pas seulement ici. L'attention de protéger le parquet en bambou durable n'est pas nouvelle. D'ailleurs un hôte proposera systématiquement des chaussons à ses invités ou précise s'il l'on peut entrer sans se déchausser. Dans le cas de nos spécialistes, il faut reconnaitre que souvent les pieds ou les chaussettes ne valent guère mieux. La surchaussure jetable non jetée est un compromis satisfaisant. En revanche le plastique bleu pâlot ne s'accorde que très moyennement avec les autres couleurs.

Je laisse intervenir nos deux MacGyver dont le couteau suisse se résume en deux stylos, un tournevis bleu, un tournevis rouge, un micro marteau et une cuiller. Au bruit des coulissements grinçants, je comprends que ça démonte, ça remonte, ça dévisse, ça revisse, ça tapote. Je n'ai pas entendu l'usage de la cuiller. Puis, ils m'appelent me réclamant de l'huile. Un doute m'envahit. M'ont-ils pour un garagiste avec mon t-shirt orange ? Tout habitant est-il sensé graisser son vélo dans son appartement ?

Pas du tout, homme de peu de foi écologique. De l'huile alimentaire fera très bien l'affaire. Inutile de recourir à un lubrifiant dérivé du pétrole. Qui plus est, c'est de l'huile de maïs et non pas cette infame huile de palme destestée par les orangs-outans. Ne souhaitant pas graisser inutilement son tournevis rouge, Laurel m'emprunte une paire de baguettes qu'il trempe dans la bouteille d'huile pour faire ensuite couler le liquide magique sur la partie coulissante. Un esprit tatillon aurait remarqué que la baquette mise en contact avec la crasse de la fenêtre était ensuite replongée dans la bouteille. Je ne suis pas tatillon.

Et voilà, c'est fini. En une grosse poignée de minutes, la fenêtre a été débloquée. Un peu grâce à l'huile, un peu aussi quand j'ai compris le mouvement réel à effectuer pour la fermer. Les experts sont déjà partis au secours d'un autre habitant. C'est ce côté bricolage permanent que j'adore en Chine. Y'a jamais de problème. Il n'y a que des solutions. Evidement que ce sont des solutions temporaires qui dans certains milieux, seraient qualifiées de Quick'n'Dirty. Evidemment que confondre lubrifiant, qui vise à créer un film entre deux pièces et huile alimentaire, qui, non seulement est chimiquement un liant, mais, comme Madame Michu le sait bien, va rapidement s'épaissir en séchant, garder les poussières en contribuant à gripper la mécanique relève d'une vision à très court terme. Mais qui sait de quoi demain sera fait ? Au moins, ce soir je peux fermer ma fenêtre.